LITTLE BOY

Titre : Little boy, icône sur soie 130/130 cm, Pièce unique. 2015

Selon la bible, c’est en désobéissant, en renonçant à la vie innocente, que nous avons eu accès à la compréhension et au formidable potentiel de notre cerveau. Le fruit du péché, c’est la pomme de la connaissance, celle de Newton, d’Apple. Oui le péché originel c’est quelque part avoir renoncé à la sagesse en échange de l'intelligence.

La trame de cette icône, mais également les écailles du serpent et les branches du pommier sont constituées de cellules du cerveau. Au centre se trouve Little Boy, la première bombe atomique américaine, de forme ovoïdale,  fruit du génie d'Oppenheimer et d'Einstein. Une immense prouesse intellectuelle et technologique qu'ils regrettèrent finalement au vu de la dévastation qu'elle a engendrée. Little boy, c'est le fils assassin d'Adam et Eve devenus êtres doués d'intelligence.

Non, l'intelligence n'est pas toujours une chance pour l'homme, loin de là. Pourtant le vocable français lui accorde systématiquement une connotation positive : on dit par exemple pour une personne douée d'une grande finesse psychologique, qu'elle fait preuve d'intelligence émotionnelle ou sociale. Le mot intelligence  devient  alors l’ ennoblisseur du mot qu'il accompagne, il lui accrédite de la vertu. Une connotation toute française qui trouve sans doute son origine à la Révolution dans la volonté de la bourgeoisie intellectuelle d’assoir son pouvoir en conférant à la faculté de raisonner, devenue critère d’élévation sociale, une dimension spirituelle et morale (cf Culte de la raison et de l’être suprême)
Il est d’ailleurs amusant de noter qu'à l'inverse en anglais, le mot intelligence -dont certes le sens diffère- insinue une forme de vice, de malignité. Non, il n'y a pas d'intelligence affective, d'intelligence sociale ou d'intelligence créative. Il a des gens affectueux, des gens attentifs, des gens inventifs. Ils sont parfois dotés de capacités intellectuelles qui s’avèrent à la hauteur de leurs qualités humaines mais pas forcément. L’intelligence est une faculté originelle, primordiale, totalement indispensable à l'homme et à son progrès mais elle ne peut d’emblée être parée d’une dimension vertueuse. Si aujourd’hui plus que jamais nous nous devons de l’exploiter pour éviter aux futures générations de grandir dans la désolation d'une planète dévastée, nous ne pourrions limiter notre effort au progrès scientifique et intellectuel qu’impose un tel défi.

Car si la recherche reste le mot-clef, c’est d’abord à travers celle de la sagesse qu’on peut insuffler un caractère positif à la réflexion, à la connaissance et l’innovation. Certains pensent même que le progrès humain passe par un renoncement à certaines avancées techniques.

C'est sans doute cette volonté qui encouragea le responsable du plus grand programme de recherche de l'histoire, Leó Szilárd, coordinateur des scientifiques qui mirent au point le bombe atomique, à vouloir tout abandonner quand l'Allemagne nazi capitula.

Une vaste (en-) quête qui de toute évidence ne saurait nous indiquer une seule et même partie du cerveau comme terrain d’investigation : cette petite case où coïnciderait, selon la tradition française, le siège de l’âme et de la pensée.

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